Claire Gallon est exploitante agricole au sein de la ferme Beau Soleil des Landes en Loire Atlantique (44), et porteuse du projet d’agroforesterie Nature 2050.
Dans quel contexte écologique et climatique s’inscrit votre exploitation ?
En pleine reconversion professionnelle, je cherchais depuis 2015 des terres pour m’installer en polyculture élevage. J’ai donc racheté en 2017 un terrain de 7 hectares dans le vignoble historique du Muscadet nantais, localisé sur la commune de Maisdon-sur-Sèvre en Loire-Atlantique. Nous y développons des activités d’élevage, de maraichage, et travaillons à redynamiser un écosystème agricole sain sur un site qui a été très affaibli par une monoculture de vigne conventionnelle depuis plus de 20 ans.
Nous faisons face à différents enjeux. La vie du sol est très faible et soumise à des problèmes de pollution. Les terres sont tassées et en mauvais état ce qui engendre des ruissellements. Les aléas climatiques sont, eux, de plus en plus fréquents. Le contexte environnant présente également des enjeux car nous constatons un fort étalement urbain et périurbain dans la région, et de moins en moins de jeunes reprenant d’anciennes exploitations viticoles. Nous sommes donc confrontés à diverses problématiques locales.
Comment avez-vous pris en compte ces enjeux dans vos activités agricoles et votre projet d’agroforesterie ?
Pour faire face à ces enjeux, nous avons dû repenser les pratiques agricoles et avons mené une grande réflexion sur la matière organique du sol, et le désengorgement de nos terres à la fois hydromorphes et polluées par les activités alentours. Nous avons donc misé sur le déploiement de pratiques agronomiques modernes et responsables nous permettant de cultiver nos terres sans les fragiliser. Nous utilisons par exemple des engrais verts à bas d’avoine pour dépolluer les sols.
En tant que lauréat du Concours Arbres d’Avenir, nous avons eu la chance de nous faire accompagner par le programme Nature 2050, ce qui nous a permis de planter 2 348 arbres sous forme de haies sur l’exploitation. À travers ce projet, nous souhaitons améliorer l’infiltration des eaux sur les parcelles, favoriser l’apparition de biodiversité, mais aussi offrir ombrage et nourriture à nos animaux. Nous avons organisé un grand chantier participatif pour les plantations. Nous avons également beaucoup travaillé au déploiement d’autres infrastructures adaptées pour les écoulements : création de mares, de vasières et de fossés.
Observez-vous aujourd’hui un impact de ces actions sur le climat et la biodiversité ?
Avec le soutien du programme Nature 2050, nous espérons pouvoir suivre l’impact de ces actions sur la biodiversité, sur la qualité du sol et sur l’évolution du microclimat de la ferme. Il est encore un peu tôt pour se prononcer mais nous constatons déjà un réel rafraichissement sur la zone. Au niveau de l’infiltration, nous observons qu’il y a nettement moins de stagnation qu’il y a deux ans. Sur le volet biodiversité, nous sommes aussi accompagnés par la LPO qui passent tous les mois pour mesurer les évolutions. Avant, il y avait très peu de vie sur ces parcelles. Aujourd’hui, abeilles, libellules, grenouilles y sont revenues. Nous réfléchissons aussi à mutualiser le terrain avec d’autres entrepreneurs qui auraient la même philosophie sur ces pratiques responsables et raisonnées.
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