En cette année 2024, la journée de la biodiversité met à l’honneur l’engagement des acteurs pour lutter contre la perte de biodiversité en soutenant la mise en œuvre du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal. Le thème de cette édition est « Faites partie du Plan ». L’occasion pour CDC Biodiversité de souligner sa participation grâce aux actions menées par ses équipes et ses partenaires qui œuvrent pour la protection de la biodiversité et la conservation du vivant.
Les brebis des Possibles d’Audrey Garcia à Chevannes (91) ©Michaël Biard
Quand l’agriculture permet de restaurer et préserver la biodiversité
Installée sur le site du Bois des Folies à Chevannes (91), Audrey Garcia gérante de l’exploitation Les brebis des possiblespeut produire des fromages de brebis bio, grâce à la construction de sa propre fromagerie réalisée début 2024. Son troupeau de 120 brebis laitières conduit en système 100% herbager extensif et labellisé agriculture biologique, constitue un outil particulièrement adapté pour la gestion écologique des prairies et zones humides. C’est pour cette raison qu’Audrey assure la gestion des parcelles propriété de CDC Biodiversité dédiées à la compensation écologique. En 2021, CDC Biodiversité et Terre de Liens deviennent les propriétaires d’une ancienne friche agricole de 109 ha sur la commune de Chevannes. Ancienne propriété de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), utilisée comme piste de course pour les 24h du tout-terrain, et convoitée pour divers projets (aire de passage pour les gens du voyage, village vacances, projet d’aménagement après accueil de terres inertes, etc.), le site pourtant dégradé et en cours d’embroussaillement, accueille une biodiversité remarquable.
Renoncules à Chevannes (91) ©Michaël Biard
Vipère peliade observée en mars 2024 sur 1 des 2 sites compensatoires ©CDC Biodiversité
Des suivis pour adapter les mesures compensatoires à la biodiversité
Dans le cadre de travaux réalisés sur le site nucléaire EDF de Penly (76), 13 sites ont été retenus pour réaliser les travaux de compensation associés qui concernent principalement les espèces des milieux ouverts (pelouses calcicoles notamment). Or certains sites hébergent déjà des espèces d’intérêt patrimonial et/ou des espèces protégées. Parmi celles-ci figurent la Vipère péliade, sur deux sites identifiés.
Le plan de gestion préconise la réalisation de suivis préalables à la réalisation des premiers travaux de restauration afin de connaître et gérer les zones sensibles utilisées par la Vipère péliade, en particulier les zones de fourrés favorables à l’espèce et particulièrement utilisés lors de l’hibernation.
Deux passages de suivi ont été réalisés par l’équipe de l’agence Hauts-de-France ; le premier mi-mars et le second mi-avril 2024. Les mâles peuvent être observés en thermorégulation dès fin février. Ils s’exposent beaucoup à proximité de leurs lieux d’hibernation souvent très bien abrités du vent (orienté surtout au sud-est). Les femelles arrivent une quinzaine de jours plus tard. Le repérage a lieu selon les conditions météorologiques car pour observer les animaux en thermorégulation, il faut un temps frais (5 ou 6 °C) avec grand soleil ou une journée avec alternance de soleil et de nuages (environ 10 °C et 60 % couverture nuageuse) car l’espèce s’expose mais sera peu mobile quand les nuages seront revenus. La recherche a lieu le matin, par journée peu venteuse.
Lors du premier passage, les 20 et 21 mars, le temps était très frais mais quelques rayons de soleil sont apparus. Des prospections linéaires ont été réalisées le long de toutes les lisières et fourrés / pelouses, les clairières dans les fourrés en haut de pente. Sur l’un des 2 sites, un individu a été observé en bordure d’une piste de motocross.
Sur le 2e site, un individu était également présent en thermorégulation. Lors du second passage, les 18 et 19 avril, la recherche a été ciblée sur des secteurs favorables à l’hibernation (zones de fourrés en topographie en hauteur, un peu en pente, orientées sud-est pour avoir le soleil dès le matin et s’exposer tout de suite sans avoir besoin de se déplacer). Sur le 2e site, des vipères ont été observées au même endroit que lors du premier passage, trois individus étaient présents. Le secteur est typique des milieux recherchés par l’espèce, dans une petite cuvette ensoleillée, au bord d’un petit sentier, un peu en hauteur, avec un gros roncier derrière où se réfugier en cas de danger.
Ces observations mènent à une double-conclusion : le calendrier des travaux prévus à l’automne 2024 sera adapté et les zones dans lesquelles les vipères hibernent seront laissées tranquilles.
Avant – pendant – après les travaux en faveur de l’Outarde canepetière
L’Outarde canepetière : une espèce emblématique dans la région Sud
Dans le cadre de l’aménagement d’une pépinière d’entreprises et d’une zone d’activités aéronautiques sur l’aéroport d’Avignon, la région Sud, maître d’ouvrage de l’opération, s’est engagée à mettre en œuvre un panel de mesures de compensation écologiques en faveur de l’Outarde canepetière. CDC Biodiversité accompagne la région pour la mise en œuvre de ces mesures de compensation au sein d’un groupement pluridisciplinaire associant la LPO, BIODIV, Entomia et l’Avion Jaune.
Au cours de l’automne/hiver 2023/2024, des travaux de restauration écologique ont été engagés sur un site d’environ 12 ha aux abords de l’aéroport d’Avignon. Ces travaux visaient avant tout à restaurer des milieux ouverts en faveur de l’Outarde canepetière. Pour cela, les alignements de cyprès sans enjeu écologique ont été abattus.
Les pommiers dépérissant d’un ancien verger ont également été abattus. Quelques sujets encore vigoureux de poiriers ont été préservés en lisière du site notamment pour les passereaux qui le fréquentent. Le bois résultant de ces opérations d’abattage a été récupéré pour réaliser des micro-habitats en faveur de la petite faune (petits mammifères et reptiles). Les espèces exotiques envahissantes ont été traitées. Une clôture a été supprimée pour rétablir les continuités écologiques.
Quelques semaines après la finalisation des travaux, la strate de végétation herbacée fait preuve d’une belle régénération spontanée. Les suivis naturalistes à venir permettront d’étudier la reconquête du site par l’Outarde canepetière.
Ces travaux de restauration écologique se poursuivront à l’automne 2024 année pour restaurer un cabanon en faveur des chauves-souris et de la Chouette effraie.
Mise en place de piège malaise, Réserve naturelle des Partias © A Merdrignac, RNR Partias
Les Solutions fondées sur la nature : pour mieux adapter les territoires au changement climatique
Depuis 2017, le programme Nature 2050 co-finance et accompagne des projets de création ou de restauration d’écosystèmes à travers toute la France sur la base du volontariat des acteurs privés du territoire. Ces projets, au nombre de 82 à fin 2023, ont pour ambition commune de faire la démonstration de l’efficacité à long-terme des solutions fondées sur la nature, en particulier celles qui concernent l’adaptation du territoire aux effets du changement climatique. Ces projets font ainsi l’objet d’un suivi régulier jusqu’en 2050 centré à la fois sur le gain de biodiversité associé aux différents travaux écologiques et sur la capacité des écosystèmes restaurés à faire face aux pressions du changement climatique. Grâce aux efforts conjoints de l’équipe Nature 2050 et des nombreux porteurs de projets, des impacts positifs sont déjà observés.
En voici un exemple :
La LPO PACA et la Réserve naturelle régionale des Partias (RNR) ont fait appel en 2017 à Nature 2050 afin de les accompagner dans leur projet de diversification du massif forestier par la plantation d’essences adaptées aux évolutions climatiques anticipées et de la mise en œuvre de plan de pâturage permettant à la forêt de renforcer son adaptation.
Le site de la RNR montre des augmentations du nombre d’espèces observées chez deux taxons clés :
Au moins 15 nouvelles espèces d’insectes (orthoptères et lépidoptères) ont été observées sur le site depuis 2018 ;
Par rapport aux campagnes d’inventaire avifaune 2019 et 2020, 3 espèces d’oiseaux supplémentaires ont été observées lors de la campagne 2022.
CDC Biodiversité fête les 10 ans du Contrat de performance biodiversité
CDC Biodiversité accompagne Icade sur ses parcs d’affaires de Rungis, Porte de Paris et Pont de Flandre pour l’aménagement d’espaces extérieurs favorables à la biodiversité, leur gestion écologique et le suivi des résultats via des indicateurs, via un Contrat de performance biodiversité (CPB). Ces résultats sont utilisés chaque année par Icade dans ses rapports RSE.
Depuis 2022, CDC Biodiversité propose également aux salariés des parcs d’affaire des animations de sciences participatives via les protocoles du Muséum national d’histoire naturelle accessibles à tous. Les gestionnaires d’espaces verts réalisent également un suivi de la biodiversité afin d’accompagner la transformation de leurs pratiques. Les participants peuvent suivre les observations d’espèces qu’ils ont réalisées sur la plateforme Pause Nature.
Présentation de Pause Nature au Parc des Flandres d’Icade en mai 2023
AgriBEST® : un outil développé par CDC Biodiversité et La Coopération Agricole Ouest pour expliciter le lien entre pratiques agricoles et biodiversité
Initié en 2023, AgriBEST® est une application mobile qui a pour objectif d’aider les agriculteur·rice·s désireu·x·ses de mieux prendre en compte la biodiversité sur leur exploitation et de s’approprier les interactions entre biodiversité et itinéraires techniques pour franchir un premier cap dans l’amélioration de leurs pratiques et la compréhension de l’agroécologie.
Cet outil permet d’effectuer un autodiagnostic à l’échelle de l’exploitation que les agriculteur·rice·s peuvent utiliser volontairement et gratuitement. En 30 minutes, un.e agriculteur.rice peut obtenir ses résultats et ainsi :
- Comprendre et évaluer les effets de ses pratiques agricoles sur la biodiversité et les services écosystémiques
- Identifier et visualiser à partir de ses résultats les voies de progrès pour favoriser l’accueil et la préservation de la biodiversité sur son exploitation.
Adapté à tous les territoires, AgriBEST peut être utilisé à titre individuel ou s’inscrire dans un projet collectif. Une structure porteuse d’un projet en lien avec la biodiversité et l’agriculture peut ainsi devenir « prescripteur » de l’outil et proposer son utilisation aux agriculteur·rice·s de son territoire ou périmètre de projet. Simple d’utilisation et pédagogique, l’outil peut s’adapter à divers objectifs : faciliter le dialogue au sein d’un groupe, encourager la mise en œuvre de plans de progrès, valoriser les efforts, sensibiliser et former.
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