Consciente du poids de la connectivité dans le fonctionnement et la résilience des écosystèmes et de la nécessité de mieux la prendre en compte, CDC Biodiversité lance, avec le laboratoire LADYSS, une thèse sur la modélisation de la connectivité écologique en milieu urbain/péri-urbain.
Débutant en septembre 2024, cette thèse CIFRE sera réalisée par Auguste Erdmann sous la direction principale de Céline Clauzel du laboratoire LADYSS de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR rattachée au CNRS, ainsi que sous la direction de Jean-Christophe Foltête, du laboratoire ThéMA des universités de Bourgogne et de Franche-Comté.
La connectivité écologique fait référence au degré avec lequel le paysage facilite ou limite le déplacement entre les taches de ressource. Fondamentale, elle influence notamment les déplacements des individus pour la reproduction et la dispersion – et donc les flux génétiques – et l’accès aux ressources alimentaires (Taylor et al. 1993).
Exemple de graphe paysager en milieu urbain (Cisticola juncidis)
Dans les milieux très fragmentés tels que les zones urbaines et péri-urbaines, le rôle des corridors et de la connectivité écologique apparait comme essentiel pour l’accueil de la biodiversité (Beninde et al. 2015). Mais la compréhension du lien entre surface, connectivité et biodiversité est incomplète et les moyens d’évaluer cette connectivité sont améliorables.
Soucieuse d’intégrer la connectivité dans la méthode d’évaluation de l’impact local des projets d’aménagement sur la biodiversité qu’elle développe (méthode IBL : indice de biodiversité local), CDC Biodiversité a lancé en 2022 des réflexions sur la modélisation et l’analyse de la connectivité fonctionnelle, lesquelles ont abouti au développement d’un protocole de calcul qui doit être affiné.
L’objectif de la thèse sera précisément d’améliorer la compréhension des interactions entre quantité d’habitat, connectivité fonctionnelle et biodiversité en milieu urbain et d’évaluer l’apport des données à très haute résolution sur l’occupation et l’usage des sols, ainsi que celui des pollutions lumineuses et sonores, dans la compréhension de ces interactions.
Réalisée par Auguste Erdmann, la thèse sera encadrée par Céline Clauzel, professeure d’université en géographie au laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (LADYSS), rattaché au CNRS, au sein de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Un co-encadrement ponctuel par Jean-Christophe Foltête et le laboratoire Théoriser et Modéliser pour Aménager (ThéMA) des universités de Bourgogne et de Franche-Comté aura également lieu afin de bénéficier de leur expertise sur certains sujets de modélisation de la connectivité en milieu urbain/péri-urbain.
Outre une amélioration de l’évaluation de la connectivité dans la méthode IBL, ces travaux permettront plus globalement de mieux répondre aux enjeux de la restauration écologique et de la compensation environnementale (Aubry et al. 2021; Padilla et al. 2024).
Approfondir les connaissances et compétences sur le sujet pourra notamment permettre de mieux choisir les secteurs où restaurer la biodiversité et mieux comprendre leur évolution au regard de celle du paysage.
Auguste Erdmann
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Aubry S, Gaucherand S & Spiegelberger T (2021) Proposition d’une grille de lecture pour évaluer la pertinence écologique des projets de site naturel de compensation. Sci. Eaux Territ. 38, 62–69.
Beninde J, Veith M & Hochkirch A (2015) Biodiversity in cities needs space: a meta-analysis of factors determining intra-urban biodiversity variation. Ecol. Lett. 18, 581–592.
Padilla B, Gelot S, Guette A & Carruthers-Jones J (2024) La compensation écologique permet-elle vraiment de tendre vers l’absence de perte nette de biodiversité ? Cybergeo Eur. J. Geogr. Available at: https://journals.openedition.org/cybergeo/40826#tocto2n13.
Taylor PD, Fahrig L, Henein K & Merriam G (1993) Connectivity Is a Vital Element of Landscape Structure. Oikos 68, 571–573.