LIFE ARTISAN | GT Adapt’Eco : « Les Solutions fondées sur la Nature, un levier pour l’assurabilité des territoires »
00 - GT Adapt'éco assurance II ©CDC Biodiversité

Dans le cadre de sa contribution au projet européen Life Intégré ARTISAN, CDC Biodiversité a organisé, mardi 10 décembre 2024, la sixième édition du groupe de travail Adapt’Eco. Cette session, dédiée aux Solutions fondées sur la Nature (SfN) et à leur rôle dans l’assurabilité des territoires, s’est tenue en partenariat avec AXA Climate et la Banque Européenne d’Investissement (BEI). L’événement a permis de mettre en lumière les liens étroits entre la biodiversité et l’industrie de l’assurance, et de discuter des opportunités offertes par les SfN pour renforcer la résilience climatique des territoires tout en maintenant leur assurabilité.

La sixième édition du GT Adapt’éco a été organisée par Edoardo Gaggi et Valentine Norève, membres de l’équipe Nature2050 de CDC Biodiversité, dans le cadre du projet européen LIFE Intégré ARTISAN. Cette édition a accueilli Amaury Dufetel, directeur de l’assurance paramétrique chez AXA Climate, et Stephen Hart, conseiller financier à la Banque Européenne d’Investissement (BEI), pour discuter du rôle des Solutions fondées sur la Nature (SfN) dans l’assurabilité des territoires.

Amaury Dufetel a ouvert la discussion en retraçant l’évolution du concept d’inassurabilité privée, introduit par le sociologue allemand Ulrich Beck dans les années 1980 face à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes écologiques. Cette question est cruciale, car 48 % des Français estiment qu’ils ne pourront plus s’assurer à l’avenir (CCR, 2024).

Grâce à une sensibilisation accrue aux impacts du changement climatique et, plus récemment, à la perte de biodiversité documentée par le GIEC et l’IPBES, « les modèles utilisés par les assureurs intègrent de plus en plus ces risques », a-t-il affirmé. Cependant, la nature non linéaire de la perte de biodiversité complique cette démarche.

Outre une modélisation améliorée, Amaury Dufetel a insisté sur l’importance de réduire les risques environnementaux (par des mesures d’atténuation et d’adaptation) et de mettre en place un régime d’assurance public assurant une couverture pour l’ensemble de la population à risque. Dans ce cadre, les SfN s’avèrent un outil fondamental pour améliorer la résilience climatique de nos territoires et garantir leur assurabilité face à un contexte d’insécurité environnementale croissante.

Par la suite, Stephen Hart, co-auteur du rapport sur les SfN de la BEI, a pris la parole pour souligner que « les assureurs ont un rôle de plus en plus important dans l’implémentation de projets en faveur de la biodiversité. » Il a rappelé que, bien que le secteur public reste prédominant dans le financement des SfN, il est essentiel que le secteur privé intensifie ses engagements pour atteindre les objectifs européens et français en matière de biodiversité. « Parfois, même une petite contribution peut faire une grande différence, en rendant un projet viable. Il est donc indispensable de diversifier les sources de financement des SfN, » a-t-il déclaré.

Au-delà de leur contribution en tant que financeurs, grâce à leur expertise en matière de gestion des risques, les assureurs jouent un rôle clé dans les premières phases d’implémentation de ces projets. « Cela renforce non seulement leur viabilité économique, mais aussi leur acceptabilité politique, en diminuant les perte financières et réputationnelles en cas d’échec d’un projet expérimental. » L’agriculture – l’un des secteurs présentant le plus grand potentiel pour le développement des SfN – a occupé une place centrale dans les discussions. Amaury Dufetel a souligné qu’en raison de son manque de résilience climatique et de son impact néfaste sur l’environnement, l’agriculture intensive risque de devenir inassurable, ce qui incite les agriculteurs à adopter des pratiques plus durables. De son coté, Stephen Hart a mis en lumière le potentiel des subventions agricoles européennes, qui atteignent dix milliards d’euros par an et pourraient être réorientées vers des actions plus efficaces et mesurables pour la biodiversité.

En conclusion, Stephen Hart a appelé à une mobilisation accrue des assureurs européens dans le cadre des négociations du prochain budget de l’UE (2028-2034). Il a insisté sur la nécessité de concevoir des instruments financiers innovants, en collaboration avec des institutions comme la BEI, afin de promouvoir une gestion durable des ressources naturelles, de l’eau et des sols.